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L'accès à la culture a toujours été réservé à certaines "élites" (aux
dominants). De nos jours, ce n'est pas tant que certains pans de la culture
ne sont pas matériellement accessibles (musées, livres, télévision
culturelle... sont accessibles au public et à la portée de (presque)
toutes les bourses), mais plus subtilement, le peuple est écartée
de la culture par le fait que celle-ci est construite (par le discours médiatique)
comme peu attrayante car "chiante" et réservée aux "intellos".
Dès l'enfance, les jeunes des classes dominées intériorisent
un complexe d'infériorité en matière de culture (qui peut
mener au mépris pour celle-ci et à l'anti-intellectualisme). Cf.
Bourdieu et le "sentiment d'indignité culturelle". Tout cela
a pour but et pour conséquence pour qu'ils intègrent le fait
que la culture ce n'est pas pour eux.
Il y a là une forme subtile de censure. Les idéologues auront
ensuite beau jeu de dire qu'ils proposent les programmes que les gens veulent...
et que chacun est libre de son choix.
Un exemple de censure : l'érotisme pour les "élites", le porno pour les masses.
La plupart des artistes ont produit des oeuvres licencieuses. Peintures, scultures,
dessins, romans, poèmes... Or ces oeuvres, quand elles n'ont pas été détruites,
ont longtemps été dissimulées dans des cabinets de collectionneurs,
dans les réserves des musées, l'enfer des bibliothèques...
Seuls quelques initiés ("l'élite") y avaient accès. La
plupart des ouvrages d'histoire (de l'art) passent encore aujourd'hui sous
silence cette production : l'image de l'histoire, de la culture et
de la civilisation humaine qu'ils construisent est une image complètement
déformée, allant dans le sens de la pubidonderie (il
s'agit là d'un véritable révisionnisme).
Par exemple, l'intérêt très marqué des hommes de
la préhistoire pour la sexualité a été longtemps
passé sous silence ou interprété en référence à la
seule maternité (cf. La
sexualité des paléolithiques, lien vers hominides.com).
Ainsi un recueil d'illustrations érotiques est indispensable pour compléter
la lecture d'une histoire de l'art.
Exemple : Erorica Universalis de Gilles Neret, éd. Taschen, 1994 - ce livre ne présente malheureusement que des productions occidentales, d'autres abordent les oeuvres des autres civilisations - Le blog de Claire Ogie Des sens présentait une large collection d'illustrations érotiques d'époques et d'origines variées. A la demande générale, certaines pages seront progressivement remises en ligne dans cette sous-rubrique de son nouveau blog : cheminfaisant.eklablog.com/des-sens-c470922 (mot de passe : reserveapublicmajeur).
Il en va de même dans le domaine littéraire. Très récemment quelques portes se sont ouvertes (un documentaire, Les musées secrets de Peter Woditsch, 2007 à été diffusé sur ARTE le 24 mars 2008, tandis que la Bibliothèque Nationale de France exposait une partie de son enfer (décembre 2007 à mars 2008, lien vers la BNF).
A propos des "conquêtes de l'édition" dans les années 1950 : "On est en droit de se demander si cette conquête ne s'est pas faite au prix d'une confusion où le leurre du "tout est permis" dans une banalisation du scandale, cohabite avec la menace moralisatrice qui pèse sur les sujets tabous, comme les soupçons de pédophilie ou l'expression d'autres "déviances"." Les commisaires de l'exposition : Marie-France Quignard et Raymond-Josué Seckel.
Naturellement c'est dans les manuels scolaires que la censure est la plus totale sur cette production. D'une manière plus générale tout discours sur la sexualité à destination des enfants tombe soit sous le coup de la censure de la loi, soit sous le soupçon jeté par cette forme plus subtile de censure qui provient de la médiatisation irrationnelle des affaires dites de "pédophilie". Bref l'éducation à la sexualité devient de plus en plus irréalisable, ouvrant toute grande la voie à la pornographie.
En matière d'éveil du désir sexuel, l'accès à l'art érotique reste donc bien réservé à une "élite", tandis que les autres n'auront accès qu'aux images aliénantes produites en masse par la pornographie.
Si les classes dominantes se réservent de fait l'accès à la
culture, et en particulier à la culture érotique, c'est bien
parce que celle-ci recelle un fort potentiel subversif.
La culture érotique fourni les outils de la liberté sexuelle.
Cette liberté est indissociable de la liberté de penser,
de la liberté de juger par soi-même (et non en fonction
des discours médiatiques, de la publicité, des marques...).
Le désir sexuel, par son ancrage au plus profond de nous, est
la source la plus solide du jugement, quand il n'est pas aliéné.
La construction du désir sexuel permet aux autres désirs
inscrits dans notre corps de devenir également sources d'un
jugement indépendant des influences du marketing, c'est à dire
avant tout fondé sur nos perceptions et nos émotions.
La culture permet la construction d'un sujet désirant. Autrement
les désirs de l'individu trouvent leur origines dans la publicité et
plus généralement dans les valeurs véhiculées
par l'idéologie dominante.
La reproduction de l'ordre social (la hiérarchie sociale) passe à la fois par la dévalorisation et la destruction des cultures populaires et par l'interdiction de l'accès des dominés à ce qui en subsiste, notamment en le dévalorisant à leurs propres yeux.
"C'est précisement parce-que les classes dominantes étaient
conscientes, pleinement ou de manière subliminale, du potentiel révolutionnaire
de la sexualité qu'elles ont insisté sur une éthique
sexuelle puritaine voire manichéenne. En même temps elles ont
conçu d'intelligentes gratifications de substitution, qui canalisent
les énergies sexuelles vers des buts inoffensifs telles que les sports
ou les divertissements populaires."
Herbert Marcuse in "Zur Kritik des Hedonismus".