Les dieux du stade est un calendrier photographique, édité
annuellement depuis quelques années par le Stade Français,
club de rugby parisien. En 2008, les photographies ont été réalisées
par Steven Klein.
Ce n'est pas un objet anodin car loin d'être une simple collection de
photographie, il s'agit d'un objet de marketing destiné
à donner une certaine image de marque du rugby.
On ne peux pas ne pas penser dès la couverture à l'esthétique chère aux nazis, qui surent utiliser à leur profit l'engouement sportif et la mobilisation des énergies sexuelles refoulées qu'il suscite (jeux olympiques de 1936 à Munich, en particulier). Le titre du calendrier est du reste la reprise du titre d'un des plus célèbre film de propagande du Troisième Reich.
Le vainqueur du décathlon sculpture de Arno Breker (1936) |
Les dieux du stade photographies de Steven Klein (2008) |
Olympia / Les dieux du stade film de Léni Riefenstahl (1938) |
Gladiateur moderne, idôle enchainée au fric (de la pub) et à la dope, le sportif renforce son aura de ses chaines d'esclave.
Nous traitons dans une autre page de l'idéologie fasciste et anti-sexuelle véhiculée par le sport.
Ce calendrier est une oeuvre érotique qui associe sport et sexualité (il compte 33 photographies au total). Elle donne à voir "de beaux mâles virils".
Nous ne reproduisons ci-dessous que quelques détails (pour respecter le droit d'auteur), nos dessins sont des copies destinée à rendre compte de la mise en scène des corps. On peut néanmoins voir les photographies sur divers sites Internet, par exemple sur i-actu.com.
Ce qui est ici pris pour l'expression de la virilité est en fait la
manifestation de l'impossibilité d'accèder à la
maturité sexuelle.
Les images montrent toutes une forme d'autoérotisme :
le ballon, qui sur de nombreuses images remplace le sexe symbolise le culte
de son propre sexe se satisfaisant à lui-même. Les jeux de miroirs,
corps affrontés en symétrie ou caméras vidéo sont
omniprésents, mettant en scène le narcissisme.
n°10 |
n°12 |
n°24 |
n°17 |
n°20 |
devant un miroir (à droite) et une colonne (intérieur de palais) | appuyé au sol sur les bras (parc du palais) | noir tendant un miroir à un blanc (pelouse dans le parc du palais) | devant le palais, en arrière plan deux hommes sur la balustrade | dans la niche d'une statue représentant une femme et un enfant. Le corps est ruisselant d'une sueur aux reflets quasi sanguinolents |
Ce narcissisme, incapacité à affronter l'altérité,
à établir une relation avec l'Autre, conduit nécessairement
à la xénophobie et à la violence envers les femmes
et les enfants (photo n°20). Le narcissisme est aussi homosexualité
refoulée et donc homophobie. Ces images font inévitablement penser à la pornographie dominante contemporaine dans laquelle les corps de femmes sont réduits à des objets manipulés, souvent avec violence. On aura noté au passage que les torses sont soigneusement épilés comme cela est le cas depuis longtemps dans l'esthétique porno. |
détail du n°20 |
détail du n°10 |
Ce calendrier, qui véhicule très clairement l'idéologie
totalitaire du sport - dans ses dimensions ayant trait au corps et à
la sexualité - et l'esthétique nazie - jusque dans l'inquiétant
symbole brandi (photo n°10) - n'est pas un objet de culte vulgaire
destiné aux masses abruties. C'est un objet très esthétique
qui vise au contraire à valoriser le rugby auprès des élites
dominantes. On aura d'ailleurs remarqué que les photos sont situées
dans un décor de palais. (Dans le même esprit on a vu récemment
une campagne de publicité pour des vêtements hauts de gamme
(style business-man macho-dominateur) faite par des joueurs de l'équipe
de France de football.) |