Mouvement International pour une Écologie Libidinale (M.I.E.L.)
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"En ce qui concerne les choses humaines, ne pas rire, ne pas pleurer,
ne pas s'indigner, comprendre."
Spinoza
…comprendre la société occidentale contemporaine : ses valeurs, son fonctionnement,
en relation avec la psychologie des populations qui la constituent et
qui sont en retour formatées par celle-ci.
C'est cette société qui se pose actuellement comme un modèle dominant
pour le reste du monde qu'il convient d'étudier et de comprendre. Il s'agit
en particulier d'en démonter les rouages et de mettre en lumière ses instruments
de domination et de reproduction, agissant tant sur l'ordre économique
et politique du monde que sur les individus.
Toutes les sociétés, à l'instar des institutions qui les composent, mues
par une sorte d'instinct de conservation, ont pour objectif, conscient
ou non, d'atteindre la plus grande stabilité, ainsi que de se reproduire
et de s'étendre comme l'indique Simone Weil dans sa réflexion sur les
causes de la liberté et de l'oppression. C'est cet état idéal de stabilité
qu'atteignent les sociétés totalitaires "utopiques" imaginées par Aldous
Huxley et Georges Orwell dans leurs magistrales oeuvres de science-fiction
si proches de notre société de consommation ou du modèle stalinien. Toutefois,
jusqu'à présent toutes les sociétés humaines se sont transformées ou ont
été anéanties par des crises plus ou moins brutales.
Qu'elle parvienne à atteindre son objectif hégémonique tendant à régir
toute action et toute pensée humaine ou qu'elle s'effondre brutalement
victime de ses contradictions, c'est vers un totalitarisme et une barbarie
d'une intensité jamais encore rencontrée que la société occidentale mène
l'humanité. C'est pourquoi des individus encore lucides ont entrepris
l'ambitieuse tâche de s'opposer à son extension totale et de la faire
"atterrir en douceur", de préparer une transition vers un nouveau modèle
pouvant assurer tant la préservation de l'espèce humaine que celle des
capacités des individus.
"Ne doutez pas qu'un petit groupe de citoyens conscients et résolus
puisse changer le monde. C'est même la seule force qui ait jamais réussi
à y parvenir."
Margaret Mead
L'espèce humaine, une création si récente dans l'histoire de l'évolution
de la vie sur terre, entraînée, grisée par son ingéniosité technique à
pouvoir transformer la planète qui la porte n'est pas encore en mesure
d'en maîtriser l'usage par la réflexion.
Même si cette évolution n'a eu lieu qu'au sein de certaines sociétés,
notamment favorisées par les conditions géographiques, la supériorité
militaire et économique qui découle de cette maîtrise des techniques à
permis à cette société dite "occidentale" d'étendre son empire sur la
quasi-totalité de la planète. Par les modes de production, de financement
et d'échange mondialisés qu'elle a mis en place ainsi que par la fascination
qu'exerce sur des populations réduites à l'indigence le mirage du bien-être
matériel, entretenu par ses médias, elle tend à exclure toute alternative
et à devenir le modèle incontournable pour toutes les sociétés humaines.
Or cette société dite "occidentale",
que nous pouvons également qualifier de matérialiste, capitaliste, impérialiste,
bourgeoise, patriarcale, monothéiste,
scientiste, du spectacle, de consommation, de gaspillage... est essentiellement
mortifère. Construite sur des valeurs religieuses puritaines et anthropocentriques,
elle tourne résolument le dos à une nature qu'elle ne conçoit que comme
objet de sa domination, dévalorisant et réprimant dans cette même logique
le corps et la sexualité. Aveuglée par une "raison" désincarnée (donc
privée de sens !), elle n'a pu engendrer que des individus névrosés et
atomisés, prédisposés à la servitude. C'est à l'artificialisation et la
négation de la vie que tend ce modèle de société.
Cette société qui se prétend démocratique, mais fonctionne de plus en
plus sur un mode totalitaire, masqué par le consensus ou la résignation
qui ont été répandus dans la population, porte en son sein le fascisme
inhérent à la répression de l'énergie vitale des individus.
Elle a même échoué à apporter un bien-être matériel à la majorité de sa
population, voyant s'accroître en son sein même, de plus en plus rapidement,
les inégalités sociales et les situations d'existence précaires, entraînant
ceux qui ont des ressources insuffisantes à les dilapider (ou à s'endetter)
dans une course illusoire au bonheur matériel toujours reculé par de nouveaux
besoins créés par la publicité.
Enfin, dans sa course effrénée à la croissance, du fait de son incapacité
à penser l'usage de la science et des techniques, elle menace sérieusement
l'équilibre écologique d'une planète aux ressources et aux capacités d'auto-épuration
limitées, entraînant déjà une morbidité massive au sein des populations.
Face à des responsables étatiques majoritairement incapables de s'extraire
de la pensée unique, parfois essentiellement préoccupés par leur intérêts
égoïstes et clientélistes, ou parfois même directement issus des multinationales,
c'est plus que jamais aux citoyens de mener la réflexion et l'action.
Sans se bercer des illusions d'une révolution menant à des "lendemains
qui chantent", et en sachant qu'exposer la vérité ne suffit pas à mobiliser
les individus fondus dans la masse, en luttant inlassablement contre l'idée
la plus nocive et tant répandue du fatalisme et de l'impuissance, il apparaît
indispensable de préparer une transition vers un modèle de société radicalement
différent.
C'est dans une logique d'autogestion, grâce notamment à la constitution
d'un tissu associatif permettant de recréer des liens sociaux et solidaires,
que doit se concevoir la reprise en main par la population de la maîtrise
de son destin et de l'évolution de la société.
Un modèle de société viable devra permettre de restaurer le lien de l'homme
avec la nature dans sa globalité et devra promouvoir des individus en
pleine possession de leurs capacités d'êtres vivants et ainsi aptes à
la liberté et conscients de la place qu'ils occupent dans l'équilibre
du monde vivant.
Les sociétés indigènes ayant su préserver un équilibre avec la nature
autour d'eux et en eux-mêmes devraient être une source d'inspiration essentielle
dans cette démarche.
Le développement technologique étant un élément déterminant de l'évolution
des sociétés, il convient de redoubler de vigilance sur ce front, notamment
afin d'empêcher que des atteintes massives et irréversibles ne soient
causées au vivant et que des techniques de manipulation de masse imparables
ne voient le jour.
Enfin, Wilhelm Reich ayant démontré que la répression sexuelle est le ciment
névrotique de cette société fondée sur le principe de l'exploitation de l'homme
et
de la nature, il nous apparaît qu'un des axes essentiel d'action est de
lutter contre cette répression, notamment lorsqu'elle frappe les plus
jeunes. Un projet de renouveau de la société qui n'aurait pas parmi ses objectifs
fondamentaux l'épanouissement sexuel de chaque individu serait voué à
l'échec.
C'est pour contribuer à construire ce projet et pour veiller à sa viabilité
que nous vous invitons à joindre nos énergies au sein de l'association
: le "Mouvement International pour une Écologie Libidinale".
Les fondateurs de l'association, le 24 juillet 2003.