(Émission radio "La tête au carré", France Inter, mardi 03 avril 2007, 14h-15h)
Claude Gudin, jardinier, ingénieur, biologiste et membre du Collège de
Pataphysique est invité suite à la tenue des "États généraux du
poil" et à l'occasion de la parution de son ouvrage "Une histoire
naturelle du poil".
Émission animée par Mathieu Vidard. Claude Gudin intervient dans l'émission
pendant environ 30mn.
Claude Gudin explique que le poil existe dans l'ensemble du monde animal et végétal et ceux depuis l'apparition des toutes premières formes de vies. Les premiers êtres vivant unicellulaires avaient déjà des poils (flagelles) qui leurs permettaient de se maintenir à la surface de l'eau et de nager. Ces poils permettaient aussi le rapprochement "sexuel" entre cellules de "sexe" opposé.
L'être humain a aussi quantité de poils à l'intérieur de son corps (notamment dans ses 300 m2 d'intestin). D'une manière générale dans le monde vivant le poil permet d'augmenter les surfaces de contact pour améliorer les échanges. Le poil rempli joue un rôle dans l'alimentation en eau, mais aussi dans le camouflage, la défense (hérisson)... Le cheveux formé de kératine est en permanence attaqué par des acariens, eux-mêmes poilus et sur les poils desquels vivent bactéries et levures... Même les baleines ont des poils : leur fanons.
Des poils l'humain en a partout [NDLR : sauf sur la paume des mains et la
plante des pieds]. Nous avons 2 m2 de peau avec 4 millions de poils,
chacun son muscle érecteur. L'humain a autant de poils que les grands singes,
seule la longueur des poils diffère. Sous les aisselles les glandes sébacées
(la base du poil) fabriquent des phéromones. Or celle-ci sont éliminées par
notre habitude de nous laver trop souvent [NDLR : et de nous désodoriser]. De
plus en mettant des parfums l'humain se déguise en végétal... L'élimination
des phéromones fausse les rapports entre les gens, notamment sur le plan
sexuel.
"L'homme descend du poil, c'est le poil qui fait l'homme".
La trichophobie est la crainte des objets poilus. La tendance actuelle à
l'épilation intégrale conduit à ce que "on escalade le mont de Vénus et
on se retrouve sur le mont chauve !"
On pourrait même dire que l'épilation met en danger l'espèce humaine : un chercheur de L'Oréal vient de découvrir que à la base du poil (le bulbe) il existe des cellules souches (comme chez l'embryon). S'épiler est catastrophique. Il est moins gênant de se raser. Quand on les rase les poils se renforcent, ils repoussent plus dru.
En réponse à des questions des internautes :
Les poils réagissent au taux d'humidité. D'ailleurs on fabrique des hygromètres avec des cheveux. Ils permettent la régulation de l'évaporation : cela empêche la déshydratation de la peau quand il fait sec.
Les poils sont plus ou moins développés selon les ethnies. Ainsi les amérindiens ont-ils des poils moins longs sur la face.
Le tabou du poil pubien au Japon : il est peut-être à rapprocher du fait que les premiers habitants de ces îles étaient très pileux [NDLR : d'où besoin de distinction identitaire de la part des nouveaux venus (les japonais contemporains).]
A la différence des humains, les grands singes n'ont pas de poils autour des organes génitaux.