(NDLR : passages en gras soulignés par nous)
21 mars 2006 - VITRE (AFP) - Un lycée rural vient de lancer en Bretagne la "Journée de la jupe" pour soutenir les jeunes filles qui n'en portent pas par crainte de remarques déplacées de la part des garçons ou des autres adolescentes, et lutter ainsi contre les préjugés.
"Se mettre en jupe, c'était un défi à relever. Il
y a les remarques négatives, les sifflets, les regards qui font mal,
voire les insultes", raconte Tifenn, une élève de la classe
de 1ère à l'origine de cette initiative.
La "Journée de la jupe" est programmée pour jeudi dans
son établissement, l'institut privé secondaire, supérieur
et agricole (Ipssa) d'Etrelles à une quarantaine de km à l'est
de Rennes.
L'idée a déjà fait des émules en Ille-et-Vilaine:
le lycée public de Saint-Aubin-du-Cormier prend le relais vendredi, tandis
que l'opération a fait ses preuves jeudi dernier à quelques kilomètres
de là dans les Ipssa de Vitré et de La Guerche. Quelques garçons
s'y sont même mis.
Environ la moitié des filles avait troqué le pantalon pour la
jupe à La Guerche et un tiers à Vitré, alors que les volants
se comptent habituellement sur les doigts de la main dans ces deux établissements.
"C'est beau une fille en jupe. C'est vraiment bête de leur faire
des remarques. C'est galère pour elles", lancent à l'unisson
les garçons de 1ère d'Etrelles qui travaillent depuis plusieurs
semaines sur le projet..
"L'idée est née lors d'ateliers sur la sexualité,
au cours desquels les filles ont expliqué qu'il était impensable
de mettre une jupe", explique Thomas Guiheneuc, de l'association
Liberté Couleur qui encadre l'opération.
Les organisateurs de la Journée espèrent convaincre des établissements
plus urbains.
Car les préjugés de type "jupe égale fille
facile" ne sont pas propres aux lycées de campagne, assure
M. Guiheneuc qui a travaillé depuis six ans avec plusieurs établissements
de Rennes.
"La jupe est un symbole. La journée de la jupe, c'est l'occasion
d'instaurer une discussion avec et entre les adolescents dont le vocabulaire
est de plus en plus cru et influencé par le porno et qui ne
se rendent pas compte à quel point ils blessent", explique M. Guiheneuc.
Le problème ne se limite pas aux sections où les garçons
sont majoritaires. "Les filles sont très dures entre elles.
Elles se traitent souvent de prostituées", relève
Monique Vivien, directrice de l'Ipssa de La Guerche.
Mais la peur des insultes ne suffit pas à expliquer que la jupe ait
déserté les salles de classe.
"C'est aussi une question de mode, de confort ou de complexes", rappelle
une professeur, observant que les jeunes filles sont beaucoup moins hésitantes
sur les décolletés, plus à la mode.
Gardant en mémoire la bataille menée par les femmes il y a quelque quarante ans pour avoir le droit de porter un pantalon, certaines enseignantes ne cachent pas qu'elles auraient préféré un autre vêtement que la jupe pour symbole.
© AFP