L'éducation sexuelle selon l'association Sésame : une morale anti-sexuelle
réactionnaire
A partir de l'ouvrage de Denise STAGNARA : Aimer à l'adolescence. Dunod,
Paris, 2003
Ce livre a été écrit par l'un des fondateurs de l'association Sésame. Cette
association dispense des cours d'éducation sexuelle dans les collèges et lycées.
Nous ne pouvons que nous intéresser de près à cette démarche puisque pour nous
il s'agit d'un enjeu fondamental. Nous proposons d'ailleurs nous-même des bases
pour un atelier d'éducation sexuelle.
Nous apprécions que l'association
Sésame
utilise la méthode des questions
anonymes posées à l'avance (cette méthode a été mise au point par Gérard Verroust
l'un des pionniers de la sexologie en France, vous pouvez lire sur notre site
son
texte
sur
la masturbation).
Nous
jugeons
positif sa volonté d'informer, de dédramatiser, de déculpabiliser les
adolescents par rapport à la sexualité. Nous trouvons beaucoup de notations
justes et pertinentes dans ce livre...
Mais malheureusement nous devons nous rendre à l'évidence : elle véhicule
plus ou moins subtilement une morale sexuelle réactionnaire.
Voici en résumé le résultat de notre analyse :
Les préférences de l'auteur en matière de morale sexuelle pour les
adolescents, telles qu'elles s'exposent tout au long de l'ouvrage, sont les
suivantes :
- il est urgent d'attendre avant de passer à l'acte (sexuel) ;
- le seul amour légitime est celui qui dure toute la vie ;
- le seul rapport sexuel qui vaille la peine est celui qui est fait entre
amoureux et certains de l'être ;
- ce grand Amour doit naturellement se concrétiser dans le mariage, puis dans le
fait d'avoir un enfant.
- il faut essayer d'éviter les "tentations", les relations
précoces, les relations avec un partenaire plus expérimenté et/ou plus âgé,
les partenaires multiples, l'homosexualité, la masturbation, les
expériences...
- l'abstinence a des effets positifs et même l'épidémie de Sida !
Cette morale est réactionnaire au sens où elle vise à restreindre le plus
possible les expériences sexuelles des adolescents, et s'oppose ainsi à la
régulation naturelle de "l'économie sexuelle" (satisfaction des besoins sexuels,
concept développé par Wilhelm Reich).
De plus elle les oriente vers le mariage monogame à vie.
Cette morale est présentée d'une façon propre à séduire certains jeunes : on ne
cesse de s'y émerveiller devant le "miracle" de l'Amour et de la relation
sexuelle. C'est l'approche mystique de l'éducation sexuelle.
En fait nous reconnaissons là une morale chrétienne, toujours
réactionnaire mais évoluée, qui sait fort bien
s'adapter aux usages du temps.
Il existe bien sûr encore des ouvrages bien pire en la matière (anti-IVG,
anti-préservatif, prônant la virginité avant mariage...) mais ceux-ci ne sont
pas bien dangereux car leur parti-pris est si évident qu'ils ne peuvent être
utilisés que par des familles ou des institutions fondamentalistes. Ici nous
traitons d'un ouvrage plus subtil, qui véhicule fondamentalement la même
idéologie mais sans extrémisme, avec certains compromis et une façon
séduisante de présenter les choses. Ce qui fait qu'elle a pu s'introduire dans
l'école. Du reste l'administration "laïque" n'est pas hostile à la
morale chrétienne en matière l'éducation sexuelle, loin s'en faut. Voir notre
page mainmise religieuse sur l'enfance.
Analyse détaillée du livre
Vous trouverez ci-dessous l'analyse détaillée du livre en question. Nous en
avons extrait et commenté les phrases significatives. Les mots en gras dans
les citations sont soulignés par nous. Les titres de chapitre sont ceux du
livre.
On pourra nous reprocher d'avoir extrait des phrases hors de leur contexte,
d'autant qu'il s'agit parfois de lire entre les lignes : nous ne pouvions guère
faire autrement mais nous invitons le lecteur intéressé à lire le livre en même
temps que nos notes.
Introduction
"Quelle société avons-nous fabriquée dans laquelle les adolescents ne
trouveront que trop rarement des parents qui s'aiment ou en tout cas
restent ensembles toute une vie." (p.1)
Il vaudrait donc mieux rester ensemble même quand on ne s'aime plus ? Bel
exemple de couple pour l'enfant !Ce qui nous permet de parler
"nous précisons [nos valeurs] : [...] - un engagement dans la durée pour se
construire et construire un couple" (p.10)
Il s'agit là d'imposer aux ados une vision adulte, c'est à dire de nier que
l'adolescence est le temps des expériences.
1. Qu'est-ce la sexualité ?
"L'être humain n'est pas soumis à ses pulsions, c'est à dire aux envies de
son sexe. Il les domine, il en est maître [...] On croit être libre alors que
c'est le contraire : on est esclave des envies du moment qui sont souvent
déclenchées par l'environnement et ne sont pas notre vrai désir." (p.15)
On voit que l'idéal est de dominer (refouler) la sexualité et de nier la
légitimité du désir ressenti dans le corps.
"On a une relation sexuelle pour dire : [...] "je m'engage à t'aimer" (p.16)
Restriction du champ de l'acte sexuel
2. Pourquoi est-il si difficile d'en parler ?
"ils sont entourés de tentations, d'un discours ambiant banalisant : il est
"normal", quand on est amoureux, de "sortir" et d'aller plus loin." (p.18)
La "tentation" : un thème cher aux chrétiens.
[les parents doivent être à l'écoute de leurs enfants car] "Il ne faudrait pas
[...] que [...] ceux-ci aillent chercher ailleurs la confiance" (p.19)
Il s'agit de maintenir l'enfant sous l'influence de la famille (patriarcale).
Car en dehors il pourrait rencontrer d'autres idées...
3. Pourquoi les garçons et les filles sont-ils différents ?
Aussi ne peut-elle [la fille] pas oublier que la relation sexuelle est
directement liée à un enfant éventuel. Cela l'oblige à ne pas laisser sa première
relation sexuelle survenir au gré de sa spontanéité" (p.25)
Et pourquoi pas si elle a des préservatifs en permanence sur elle ?
"Encore faut-il prendre son temps et ne pas se précipiter dans des relations
sexuelles prématurées qui court-circuitent le temps du rêve et de la maturation"
(p.26)
Un court-circuit ! est-ce grave docteur ? Et si justement avoir des relations
sexuelles était une façon de maturer ?
4. Comment fait-on l'amour ?
"Le contact est si agréable que l'homme bouge pour augmenter le plaisir"
(p.30)
La femme, elle, ne bouge pas ! Évidemment la position du missionnaire ne le lui
permet pas vraiment... La femme passive : un classique de la vision patriarcale.
5. Comment se passe la première fois ?
"Mai 1968 a balayé, souvent trop rapidement, les us et coutumes de nos
ancêtres. Droit à l'amour, droit à la contraception, droit à l'avortement, droit
à tout : il est interdit d'interdire ! Mais cette révolution nous a fait souvent
oublier que nous avions aussi droit au respect, droit à aimer comme on le
souhaite, droit de prendre le temps de se désirer pour que nos désirs et nos
plaisirs soient à la hauteur de notre attente." (p.34)
C'est la faute à mai 68 : le discours réac à la mode aujourd'hui.
6. Comment vaincre la peur de l'échec ?
"s'il agit d'une "première fois" pour les deux ou pour un(e) seul(e) des
deux. Ce dernier cas est, d'après les statistiques de Lhomond et les nôtres
aussi, le plus souvent pratiqué, encore qu'il ne soit pas le plus souhaitable,
si les jeunes sont capables de parler avant d'agir." (p.39)
Et pourquoi il ne serait pas souhaitable que l'un des deux partenaires soit plus
expérimenté que l'autre ? On n'en saura pas plus.
7. A quel âge peut-on ou doit-on avoir des relations sexuelles ?
"on vit tout de suite cette attirance par la relation sexuelle ; cela ne
marche peut-être pas, alors on s'arrête et on recommence avec un autre. On y
brûle son corps [...] aucun échange physique ne peut avoir lieu sans que son
coeur n'y soit engagé"
[suit un paragraphe sur tout ce qu'il faut apprendre pour être "prêt"] "Être
prêt, ce serait alors être parvenu à un certain stade de maturité" (p.43)
Attention adolescents faire des expériences est dangereux ! Sauf que si vous
attendez d'être "mature" vous risquez d'attendre longtemps car c'est justement
en ayant des relations sexuelles, avec plusieurs partenaires, que l'on apprend
et que l'on devient mature...
"La première relation sexuelle, vécue volontairement après un temps d'attente,
dans l'émerveillement et la confiance absolue, prend alors tout son sens, le don
total des corps, et des coeurs s'inscrivant dans le don total de la vie l'un à
l'autre." (p.44)
On voit ici comment la sacralisation de l'acte sexuel (typique du discours
chrétien) participe de sa restriction (attendre, le pratiquer uniquement avec le
Prince Charmant).
8. Peut-on vivre sans relations sexuelles ?
"il existe des hommes et des femmes qui n'ont pas de relations sexuelles.
C'est une réalité, mais parmi ces personnes, certaines vivent très bien cette
abstinence" (p.46)
La psychanalyse nous a enseigné les ravages sur le psychisme et la souffrance
(parfois inconsciente il est vrai) de l'abstinence.
"Les personnes consacrées, prêtres, religieux(ses) ou laïcs ont fait le choix de
se rendre totalement disponibles aux autres. Ce n'est pas un refus d'amour [...]
Surtout, sachant l'effort et parfois la souffrance que représente leur choix,
ils peuvent être plus proches de ceux qui souffrent, même d'une autre
souffrance." (p.46)
"Les jeunes qui font le choix d'attendre [...] ont conscience que [...]
l'abstinence permet d'apprendre à se connaître, repérer les valeurs qui font
vivre : c'est le temps de l'intelligence." (p.47)
Voici donc que l'on présente à nos jeunes l'abstinence librement choisie
(névrose ou psychose mystique due à la répression de la sexualité infantile)
comme un modèle valable voire admirable.
9. Faut-il dire à ses parents qu'on a eu des relations sexuelles ?
"[les mères] ne joueront pas les complices en offrant des facilités pour une
sexualité itinérante. Elles ouvriront leur coeur et offriront un lit [...] quand
l'élu(e) aura été choisi(e) avec une notion de durée aussi définitive que l'on
peut l'espérer aujourd'hui." (p.52)
Les moyens contraceptifs et un lieu pour se retrouver sont les principaux
besoins matériels que nécessitent les jeunes pour leurs premières expériences
sexuelles. Les leur refuser est donc un bon moyen de contrôler leur sexualité.
Encore une fois pour notre auteur celle-ci n'est légitime que lorsqu'on envisage
le mariage.
10. Les parents ont-ils une vie amoureuse et sexuelle ?
"Nos premières rencontres et leur circonstances, l'émoi de notre "ennamourement"
les intéressent beaucoup. Mais de là à donner quelque détail que ce soit sur
l'intimité sexuelle conjugale, il y a un pas qu'il ne convient absolument pas de
franchir."
"il me semble que l'on peut, avec un peu d'humour, répondre franchement sans
manque de pudeur :"Tu sais, nous sommes toujours très amoureux l'un de l'autre
et nous espérons bien l'être jusqu'à la fin de notre vie et nous le témoigner de
mille manières." [...] Si l'enfant veut pousser plus loin son investigation,
nous lui répondrons par un sourire." (p.55)
Voici donc le mode d'emploi de l'éducation sexuelle à destination des parents
!
Le meilleur moyen de convaincre l'enfant que la sexualité est un sujet Tabou
dont il ne faut jamais parler !
11. Peut-on former un couple heureux lorsque les parents ne s'entendent pas
?
"[Les enfants de parents séparés] devront - plus que d'autres - accorder une
part importante à la réflexion commune et ne pas se lancer trop vite dans la
consommation génitale" (p.60)
Décidément tout est prétexte pour convaincre les ados d'attendre... Et voici la
sexualité exprimée en terme de consommation : on est loin de la sacralisation
exprimée plus haut. Quel manichéisme !
12. Comment distinguer l'amitié de l'amour ?
R.A.S.
13. Comment reconnaître le véritable amour ?
"cela n'est pas une erreur que de savoir attendre avant de passer trop vite à
l'acte, au risque de compromettre cette découverte progressive et fascinante."
(p.67)
Décidément cela tourne à l'obsession ! Mais le martèlement est aussi le propre
de la propagande...
"Acte de foi certes difficile, mais exaltant, que, tout naturellement, le
mariage viendra institutionnaliser et socialiser" (p.68)
La défense du mariage face aux autres formes d'unions est un des grands credo de
la réaction.
14. Comment vaincre sa timidité ?
"Les timides, les pudiques [...] Ceux-là savourent longuement l'attente du
moment où une réunion de jeunes va permettre la rencontre tant espérée." (p.73)
Les intéressés apprécieront...
"Sans doute ne faut-il pas manquer de dire aux filles et aux garçons à l'âge des
premiers émois amoureux, qu'il leur faut regarder le passé de l'autre et que
ceux ou celles qui "savent faire" n'ont pas appris tout seuls devant une glace.
[...] Deux timides qui se regarderaient ou se tiendraient seulement la main
seraient-ils moins heureux que les "savants" qui connaissent les méthodes de
tortillonnement de la langue jusqu'au fond des amygdales ?" (p.74)
Bienheureux les ignorants... Remarquons aussi le procédé qui consiste à
assimiler l'expérience à de la technique dégoûtante.
"si les parents et éducateurs savent valoriser la pudeur et la réserve
naturelles du timide, ce pourrait être une grande chance dans la relation
amoureuse." (p.75)
On notera que le caractère "naturel" nie l'origine acquise de l'inhibition
sexuelle et que bien sur ces caractéristiques sont hautement prisées par les
tenant de la morale anti-sexuelle.
Par ailleurs dans ce chapitre parmi différents exemples d'activités citées on
trouve faire partie d'un "groupe de scouts" (p.70) et "une action caritative"
(p.75).
Indices qui nous confirment dans l'idée que l'auteur, sans le dire, est proche du
milieu chrétien.
15. Que faire lorsque l'amour n'est pas réciproque ?
"il nous faut répéter une fois encore que, même si l'on est très amoureux, on
ne gagne rien à brûler les étapes." (p.80)
Cela devient lassant...
16. La différence d'âge est-elle un obstacle ?
"Plus la jeune fille est jeune, plus les relations avec un homme nettement plus âgé
sont dangereuses. En effet, que recherche un homme de 30 ou 40 ans avec une
jeune fille de 15 ans ?" (p.82)
"Quand à l'amour d'un très jeune homme pour une femme déjà mûre, ou en tout cas
nettement plus âgée que lui [...] ce comportement est souvent voué à l'échec."
(p.83)
Ceci ressemble à un interdit sexuel. Un jeune ne pourrait donc plus bénéficier
d'une initiation sexuelle, dont la littérature regorge par ailleurs...
"ces premières amours, avec des différences d'âge dans tous les sens, ne
résistent pas souvent à l'épreuve du temps." (p.83)
Cela est sans doute vrai. Et alors ? Toujours l'obsession de la durée.
17. N'y a-t-il qu'une personne faite pour moi ?
R.A.S.
18. La jalousie est-elle une preuve d'amour ?
R.A.S.
19. Faut-il pardonner à l'autre ses infidélités ?
"Il y a d'abord la tentation facile : un(e) autre passe, séduisant(e),
pourquoi dire non ?"
La tentation : notion chrétienne s'il en est (bis).
20. Faut-il avoir honte de se masturber ?
"Il est vrai que l'adolescent traversé par une énergie impérieuse éprouve
quelques difficultés à surmonter ses pulsions, surtout dans l'environnement
érotique actuel." (p.98)
On devine ici que l'auteur prise fort le fait de surmonter ses pulsions, et
regrette le bon vieux temps où il était malaisé pour les jeunes de s'informer
sur la sexualité.
"Il est préférable [...] d'aider l'adolescent à s'ouvrir aux autres dans des
activités sportives, humanitaires, artistiques" (p.99)
Un grand classique : le sport comme exutoire à l'énergie sexuelle. En fait la
sublimation ne peut être fertile que lorsque la satisfaction sexuelle est
préalablement atteinte.
(remarquons le choix de l'humanitaire plutôt que des activités militantes)
"La masturbation n'est nullement, comme on l'a parfois dit, un bon entraînement
à la pratique de la sexualité" (p.99)
Lire les bienfaits de la masturbation.
Au minimum, connaître le fonctionnement
orgasmique
de
ses
propres organes sexuels - et celui de ses partenaires - est indispensable.
"Mais si la masturbation n'a été - comme c'est très souvent le cas - qu'un
épisode de la vie, elle ne représente aucun danger pour la future communication
amoureuse." (p.99)
Cette affirmation est fausse. La masturbation est générale à tous les âges de la
vie, que l'on vive seul ou en couple.
21. Jusqu'où faut-il aller quand on "sort" ?
"certains gestes pour lesquels elle n'éprouverait souvent que dégoût ou
répulsion [...] Mettre les doigts dans le vagin, demander une fellation" (p.102)
On peut ne pas avoir envie de telle ou telle pratique à un moment donné, mais
pourquoi tout de suite invoquer le "dégoût" en se référant à des pratiques
autres que la pénétration vaginale ?
22. Pourquoi devient-on homosexuel(le) ?
"dans le sillage de la révolution sexuelle, on a assisté [...] à la naissance
d'une culture et d'un mode de vie homosexuels, revendiqués et promus par de
puissants lobbies, bien relayés par les médias, présentant l'homosexualité comme
une excellente alternative à l'hétérosexualité. Des jeunes [...] font
volontairement un "petit tour " vers l'homosexualité. Ces expériences du domaine
du jeu, de la curiosité malsaine ou de la perversion, sont faites par des
personnes qui ne sont pas nécessairement homosexuelles de façon "structurelle""
(p.108-109)
Tentation satanique...
Quand à celui qui a "une tendance homosexuelle involontaire" : "Le jeune (homme
surtout) s'installe alors dans une double vie, sa vie dans le milieu homosexuel
(boîtes de nuit, bars homos, drague, rencontres multiples...) et sa vie dans son
milieu familial et son lieu de travail." (p.109)
Horreur, horreur, horreur...
Parmi les facteurs explicatifs de l'homosexualité : "- dans un monde qui gomme
les différences, difficulté à aller vers l'autre, l'autre sexe en particulier ;
- peur d'assumer le risque de procréation." (p.110)
Les réactionnaires aiment l'Ordre, que les différences soient bien claires, les
frontières bien tracées.
"Si un jeune est rejeté par sa famille, il ne lui restera pour l'accueillir que
le ghetto homosexuel." (p.110)
On frissonne...
"Si le jeune réalise l'impasse de l'homosexualité [...] il peut avoir le désir
de changer de voie." (p.110-111)
Ouf ! On va pouvoir le sauver.
23. Comment éviter les maladies sexuellement transmissibles ?
"Pour éviter d'être contaminé, il est capital :
- de réduire la multipartenarité [...] ;
- d'être fidèle [...] ;
- de se servir d'un préservatif [...]." (p.114)
On notera l'ordre de présentation et le fait que le préservatif n'atténue pas le
caractère "capital" des deux premiers items.
"Le Sida [...] met en question nos comportements, imbus que nous sommes de notre
pseudo-liberté qui n'a de loi que notre bon plaisir [...] A cause de tout cela,
le Sida [est] une maladie métaphore des maux dont souffre notre monde actuel. -
On croit trouver son identité dans l'exercice sans contrainte d'une génitalité
pulsionnelle [...] - On vit dans la confusion [...] on ne sait plus très bien ce
qui distingue l'homme de la femme, l'enfant de l'adulte, l'homosexuel de
l'hétérosexuel, l'étranger du citoyen." (p.117-118)
Nous vivions dans la luxure, nous avions abandonné l'Ordre...
Conclusion du chapitre : "Voilà que le Sida [...] est en train de nous apprendre
à vivre et à aimer !" (p.118)
Sans commentaire.
(Lire : le Sida fer de lance de l'ordre moral)
24. Faut-il accepter toutes les pratiques sexuelles ?
"Jusqu'à 12 ou 13 ans, il s'agit surtout de savoir ce qui se cache derrière
ces mots et de conforter son vocabulaire. L'éducateur se doit alors de les
expliquer avec clarté mais succinctement en évitant d'imposer des images
difficiles à supporter." (p.120)
Oh mon Dieu si un enfant voyait ça !
Au Canada les éducateurs (qui dépistent les actes pédophiles) montrent tous les
actes sexuels aux enfants de maternelle, avec des poupées.
"il vaut mieux, en tout cas, ne pas commencer par cela : l'exercice de la
liberté de l'autre présente alors trop de cotés ambigus pour n'être pas
dangereux." (p.121)
Si on comprends bien seule la pratique canonique serait inoffensive.
25. Comment se défendre contre les agressions sexuelles ?
Parmi les questions d'ados qui sont placées en exergue de se chapitre, deux
paraissent déplacées :
"14ans - Quand on est amoureux de son prof et que lui aussi, mais que lui ne
pense qu'au sexe mais que vous avez peur, que faut-il faire ?"
"16ans - Je ne comprends pas comment une fille de 16 ans peut sortir avec un mec
de quarante ans ?" (p.123)
Il n'est pas question ici d'agression. Mais on se souvient (chapitre 16) que
l'auteur désapprouve vivement les différences d'age dans les relations
sexuelles. Cet amalgame, qui est fait ici par nos puritains, entre relation
sexuelle avec un mineur et agression sexuelle, se retrouve dans la législation
qui punit toute forme de commerce sexuel entre un adulte et un mineur. Voir
notre page concernant le traitement médiatique
de la pédophilie.
"Ces conduites [abus sexuels] sont souvent entretenues par la pornographie"
(p.124)
Cela est certes vrai (voir notre page sur la pornographie).
Mais l'auteur fait-elle semblant d'ignorer que les perversions sexuelles (tout comme
la pornographie d'ailleurs) résultent en premier lieu de la répression de la
sexualité ?
26. Quelle contraception choisir ?
"En définitive, pour les adolescents, on doit rappeler que l'abstinence est
fiable à 100% !" (p.131)
On s'y attendait..
27. Y a-t-il des périodes où les relations sexuelles n'entraînent pas la
grossesse ?
R.A.S.
28. Que faire face à une grossesse non désirée ?
"[en situation d'information] La meilleure arme de l'éducateur n'est pas la
peur mais l'émerveillement qui porte spontanément au respect. Les premiers jours
de la vie, racontés, illustrés sont les plus surs avocats de l'embryon. [...]
toute relation sexuelle est virtuellement porteuse de vie et il est grave de la
galvauder" (p.140)
Voici qui pourrait rappeler certains arguments anti-IVG même si telle n'est pas
la position de l'auteur.
"[en situation de grossesse non désirée] - dernière solution : envisager l'I.V.G.
Savoir alors que ce n'est jamais "la bonne" solution." (p.142)
29. Comment choisir entre mariage et concubinage ?
"l'union libre ne présente apparemment pas de contrainte, sinon celles d'une
vie commune qui peut se défaire, même contre le gré de l'un des partenaires..."
(p.145)
(sic)
"Au cours du mariage catholique, les mariés prennent la parole pour une
"déclaration d'intention" dont voici un exemple qui donne sens à toute vie
conjugale" (p.145)
Édifiant exemple à présenter aux adolescents.
30. Peut-on s'aimer toute une vie ?
Parmi les questions d'ados qui sont placées en exergue de se chapitre, une
parait déplacée :
"14ans - Comment fait-on l'amour pour que ça dure longtemps" (p.147)
A notre avis l'auteur fait un contresens révélateur : la question concerne
l'acte sexuel !
"Cependant, si nous croyons fermement à l'amour éternel, notre optimisme n'est
pas sans fondement. On parle toujours des statistiques de divorces, comme on
parle des agressions dans les transports en commun, des trains qui déraillent,
des petites filles abusées [...]" (p.149)
L'"Amour éternel = mythe du Prince Charmant". Le chapitre ruisselle de bon
sentiments : c'est un plaidoyer pour la mariage monogame à vie.
et voici le divorce associé à des crimes !
Conclusion : qu'en pensent les adolescents ?
Parmi les désaccords exprimés :
"Quinze ne sont pas d'accord sur les sorties et les relations précoces : sur ce
sujet, les désaccords sont nets quand ils existent. C'est en effet le point le
plus difficile à faire accepter [...] -en quatrième : [citation d'un commentaire
d'élève] "Oui sauf quand vous critiquez les gens qui couchent à 14 ans car tout
le monde est libre de faire ce qu'il veut."" (p.152)
"Quatre garçons d'une même classe de seconde ne sont pas d'accord sur la
mentalité des filles en matière de désir sexuel : "Les filles ont autant envie
de faire l'amour que les garçons - Beaucoup de filles meurent d'envie d'avoir
des relations sexuelles - Ce sont les filles qui sont les sources de nos désirs
: elles savent y faire, mais n'osent pas le dire."" (p.153)
"Deux élèves de première ne sont pas d'accord pour avoir un enfant dans les
années qui suivent le mariage ou la mise en couple : "Si on ne peut offrir à
l'enfant tout ce dont il a besoin, ce n'est pas la peine d'en avoir." (p.153)
Nous voyons ici clairement quels sont les positions tenues par les intervenants
de l'association face aux élèves et quel est leur objectif.
Nous nous réjouissons que certains élèves résistent. Ils sont malheureusement
peu nombreux (5% d'après l'auteur) : il n'est pas facile d'affirmer son opinion
contre les éducateurs (éducastreurs
?)
Parmi les accords exprimés :
"[citation d'un élève :] "Je suis bien d'accord mais je ne peux pas jurer que
demain j'irai dans les oeuvres humanitaires au lieu de m'amuser" (p.154)
Humanitaire = charité chrétienne...(bis)
"Ces réflexions très positives ne signifient pas que les élèves rencontrés vont
changer leur "morale sexuelle" du tout au tout" (p.155)
Aveu du but poursuivi.
En résumé le résultat de notre analyse (retour en haut
de la page)
Mouvement International pour une Ecologie Libidinale (M.I.E.L.) - ecologielibidinale.org - Dernière mise à jour le 23 février, 2018
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