L'éducation sexuelle selon l'association Sésame : une morale anti-sexuelle réactionnaire

A partir de l'ouvrage de Denise STAGNARA : Aimer à l'adolescence. Dunod, Paris, 2003

Ce livre a été écrit par l'un des fondateurs de l'association Sésame. Cette association dispense des cours d'éducation sexuelle dans les collèges et lycées.

Nous ne pouvons que nous intéresser de près à cette démarche puisque pour nous il s'agit d'un enjeu fondamental. Nous proposons d'ailleurs nous-même des bases pour un atelier d'éducation sexuelle.

Nous apprécions que l'association Sésame utilise la méthode des questions anonymes posées à l'avance (cette méthode a été mise au point par Gérard Verroust l'un des pionniers de la sexologie en France, vous pouvez lire sur notre site son texte sur la masturbation).
Nous jugeons positif sa volonté d'informer, de dédramatiser, de déculpabiliser les adolescents par rapport à la sexualité. Nous trouvons beaucoup de notations justes et pertinentes dans ce livre...
Mais malheureusement nous devons nous rendre à l'évidence : elle véhicule plus ou moins subtilement une morale sexuelle réactionnaire.

Voici en résumé le résultat de notre analyse :

Les préférences de l'auteur en matière de morale sexuelle pour les adolescents, telles qu'elles s'exposent tout au long de l'ouvrage, sont les suivantes :

Cette morale est réactionnaire au sens où elle vise à restreindre le plus possible les expériences sexuelles des adolescents, et s'oppose ainsi à la régulation naturelle de "l'économie sexuelle" (satisfaction des besoins sexuels, concept développé par Wilhelm Reich).
De plus elle les oriente vers le mariage monogame à vie.
Cette morale est présentée d'une façon propre à séduire certains jeunes : on ne cesse de s'y émerveiller devant le "miracle" de l'Amour et de la relation sexuelle. C'est l'approche mystique de l'éducation sexuelle.
En fait nous reconnaissons là une morale chrétienne, toujours réactionnaire mais évoluée, qui sait fort bien s'adapter aux usages du temps.

Il existe bien sûr encore des ouvrages bien pire en la matière (anti-IVG, anti-préservatif, prônant la virginité avant mariage...) mais ceux-ci ne sont pas bien dangereux car leur parti-pris est si évident qu'ils ne peuvent être utilisés que par des familles ou des institutions fondamentalistes. Ici nous traitons d'un ouvrage plus subtil, qui véhicule fondamentalement la même idéologie mais sans extrémisme, avec certains compromis et une façon séduisante de présenter les choses. Ce qui fait qu'elle a pu s'introduire dans l'école. Du reste l'administration "laïque" n'est pas hostile à la morale chrétienne en matière l'éducation sexuelle, loin s'en faut. Voir notre page mainmise religieuse sur l'enfance.

Analyse détaillée du livre

Vous trouverez ci-dessous l'analyse détaillée du livre en question. Nous en avons extrait et commenté les phrases significatives. Les mots en gras dans les citations sont soulignés par nous. Les titres de chapitre sont ceux du livre.
On pourra nous reprocher d'avoir extrait des phrases hors de leur contexte, d'autant qu'il s'agit parfois de lire entre les lignes : nous ne pouvions guère faire autrement mais nous invitons le lecteur intéressé à lire le livre en même temps que nos notes.

Introduction

"Quelle société avons-nous fabriquée dans laquelle les adolescents ne trouveront que trop rarement des parents qui s'aiment ou en tout cas restent ensembles toute une vie." (p.1)
Il vaudrait donc mieux rester ensemble même quand on ne s'aime plus ? Bel exemple de couple pour l'enfant !

Ce qui nous permet de parler

"nous précisons [nos valeurs] : [...] - un engagement dans la durée pour se construire et construire un couple" (p.10)
Il s'agit là d'imposer aux ados une vision adulte, c'est à dire de nier que l'adolescence est le temps des expériences.

1. Qu'est-ce la sexualité ?

"L'être humain n'est pas soumis à ses pulsions, c'est à dire aux envies de son sexe. Il les domine, il en est maître [...] On croit être libre alors que c'est le contraire : on est esclave des envies du moment qui sont souvent déclenchées par l'environnement et ne sont pas notre vrai désir." (p.15)
On voit que l'idéal est de dominer (refouler) la sexualité et de nier la légitimité du désir ressenti dans le corps.

"On a une relation sexuelle pour dire : [...] "je m'engage à t'aimer" (p.16)
Restriction du champ de l'acte sexuel

2. Pourquoi est-il si difficile d'en parler ?

"ils sont entourés de tentations, d'un discours ambiant banalisant : il est "normal", quand on est amoureux, de "sortir" et d'aller plus loin." (p.18)
La "tentation" : un thème cher aux chrétiens.

[les parents doivent être à l'écoute de leurs enfants car] "Il ne faudrait pas [...] que [...] ceux-ci aillent chercher ailleurs la confiance" (p.19)
Il s'agit de maintenir l'enfant sous l'influence de la famille (patriarcale). Car en dehors il pourrait rencontrer d'autres idées...

3. Pourquoi les garçons et les filles sont-ils différents ?

Aussi ne peut-elle [la fille] pas oublier que la relation sexuelle est directement liée à un enfant éventuel. Cela l'oblige à ne pas laisser sa première relation sexuelle survenir au gré de sa spontanéité" (p.25)
Et pourquoi pas si elle a des préservatifs en permanence sur elle ?

"Encore faut-il prendre son temps et ne pas se précipiter dans des relations sexuelles prématurées qui court-circuitent le temps du rêve et de la maturation" (p.26)
Un court-circuit ! est-ce grave docteur ? Et si justement avoir des relations sexuelles était une façon de maturer ?

4. Comment fait-on l'amour ?

"Le contact est si agréable que l'homme bouge pour augmenter le plaisir" (p.30)
La femme, elle, ne bouge pas ! Évidemment la position du missionnaire ne le lui permet pas vraiment... La femme passive : un classique de la vision patriarcale.

5. Comment se passe la première fois ?

"Mai 1968 a balayé, souvent trop rapidement, les us et coutumes de nos ancêtres. Droit à l'amour, droit à la contraception, droit à l'avortement, droit à tout : il est interdit d'interdire ! Mais cette révolution nous a fait souvent oublier que nous avions aussi droit au respect, droit à aimer comme on le souhaite, droit de prendre le temps de se désirer pour que nos désirs et nos plaisirs soient à la hauteur de notre attente." (p.34)
C'est la faute à mai 68 : le discours réac à la mode aujourd'hui.

6. Comment vaincre la peur de l'échec ?

"s'il agit d'une "première fois" pour les deux ou pour un(e) seul(e) des deux. Ce dernier cas est, d'après les statistiques de Lhomond et les nôtres aussi, le plus souvent pratiqué, encore qu'il ne soit pas le plus souhaitable, si les jeunes sont capables de parler avant d'agir." (p.39)
Et pourquoi il ne serait pas souhaitable que l'un des deux partenaires soit plus expérimenté que l'autre ? On n'en saura pas plus.

7. A quel âge peut-on ou doit-on avoir des relations sexuelles ?

"on vit tout de suite cette attirance par la relation sexuelle ; cela ne marche peut-être pas, alors on s'arrête et on recommence avec un autre. On y brûle son corps [...] aucun échange physique ne peut avoir lieu sans que son coeur n'y soit engagé"
[suit un paragraphe sur tout ce qu'il faut apprendre pour être "prêt"] "Être prêt, ce serait alors être parvenu à un certain stade de maturité"
(p.43)
Attention adolescents faire des expériences est dangereux ! Sauf que si vous attendez d'être "mature" vous risquez d'attendre longtemps car c'est justement en ayant des relations sexuelles, avec plusieurs partenaires, que l'on apprend et que l'on devient mature...

"La première relation sexuelle, vécue volontairement après un temps d'attente, dans l'émerveillement et la confiance absolue, prend alors tout son sens, le don total des corps, et des coeurs s'inscrivant dans le don total de la vie l'un à l'autre." (p.44)
On voit ici comment la sacralisation de l'acte sexuel (typique du discours chrétien) participe de sa restriction (attendre, le pratiquer uniquement avec le Prince Charmant).

8. Peut-on vivre sans relations sexuelles ?

"il existe des hommes et des femmes qui n'ont pas de relations sexuelles. C'est une réalité, mais parmi ces personnes, certaines vivent très bien cette abstinence" (p.46)
La psychanalyse nous a enseigné les ravages sur le psychisme et la souffrance (parfois inconsciente il est vrai) de l'abstinence.

"Les personnes consacrées, prêtres, religieux(ses) ou laïcs ont fait le choix de se rendre totalement disponibles aux autres. Ce n'est pas un refus d'amour [...] Surtout, sachant l'effort et parfois la souffrance que représente leur choix, ils peuvent être plus proches de ceux qui souffrent, même d'une autre souffrance." (p.46)
"Les jeunes qui font le choix d'attendre [...] ont conscience que [...] l'abstinence permet d'apprendre à se connaître, repérer les valeurs qui font vivre : c'est le temps de l'intelligence." (p.47)
Voici donc que l'on présente à nos jeunes l'abstinence librement choisie (névrose ou psychose mystique due à la répression de la sexualité infantile) comme un modèle valable voire admirable.

9. Faut-il dire à ses parents qu'on a eu des relations sexuelles ?

"[les mères] ne joueront pas les complices en offrant des facilités pour une sexualité itinérante. Elles ouvriront leur coeur et offriront un lit [...] quand l'élu(e) aura été choisi(e) avec une notion de durée aussi définitive que l'on peut l'espérer aujourd'hui." (p.52)
Les moyens contraceptifs et un lieu pour se retrouver sont les principaux besoins matériels que nécessitent les jeunes pour leurs premières expériences sexuelles. Les leur refuser est donc un bon moyen de contrôler leur sexualité. Encore une fois pour notre auteur celle-ci n'est légitime que lorsqu'on envisage le mariage.

10. Les parents ont-ils une vie amoureuse et sexuelle ?

"Nos premières rencontres et leur circonstances, l'émoi de notre "ennamourement" les intéressent beaucoup. Mais de là à donner quelque détail que ce soit sur l'intimité sexuelle conjugale, il y a un pas qu'il ne convient absolument pas de franchir."
"il me semble que l'on peut, avec un peu d'humour, répondre franchement sans manque de pudeur :"Tu sais, nous sommes toujours très amoureux l'un de l'autre et nous espérons bien l'être jusqu'à la fin de notre vie et nous le témoigner de mille manières." [...] Si l'enfant veut pousser plus loin son investigation, nous lui répondrons par un sourire."
(p.55)
Voici donc le mode d'emploi de l'éducation sexuelle à destination des parents !
Le meilleur moyen de convaincre l'enfant que la sexualité est un sujet Tabou dont il ne faut jamais parler !

11. Peut-on former un couple heureux lorsque les parents ne s'entendent pas ?

"[Les enfants de parents séparés] devront - plus que d'autres - accorder une part importante à la réflexion commune et ne pas se lancer trop vite dans la consommation génitale" (p.60)
Décidément tout est prétexte pour convaincre les ados d'attendre... Et voici la sexualité exprimée en terme de consommation : on est loin de la sacralisation exprimée plus haut. Quel manichéisme !

12. Comment distinguer l'amitié de l'amour ?

R.A.S.

13. Comment reconnaître le véritable amour ?

"cela n'est pas une erreur que de savoir attendre avant de passer trop vite à l'acte, au risque de compromettre cette découverte progressive et fascinante." (p.67)
Décidément cela tourne à l'obsession ! Mais le martèlement est aussi le propre de la propagande...

"Acte de foi certes difficile, mais exaltant, que, tout naturellement, le mariage viendra institutionnaliser et socialiser" (p.68)
La défense du mariage face aux autres formes d'unions est un des grands credo de la réaction.

14. Comment vaincre sa timidité ?

"Les timides, les pudiques [...] Ceux-là savourent longuement l'attente du moment où une réunion de jeunes va permettre la rencontre tant espérée." (p.73)
Les intéressés apprécieront...

"Sans doute ne faut-il pas manquer de dire aux filles et aux garçons à l'âge des premiers émois amoureux, qu'il leur faut regarder le passé de l'autre et que ceux ou celles qui "savent faire" n'ont pas appris tout seuls devant une glace. [...] Deux timides qui se regarderaient ou se tiendraient seulement la main seraient-ils moins heureux que les "savants" qui connaissent les méthodes de tortillonnement de la langue jusqu'au fond des amygdales ?" (p.74)
Bienheureux les ignorants... Remarquons aussi le procédé qui consiste à assimiler l'expérience à de la technique dégoûtante.

"si les parents et éducateurs savent valoriser la pudeur et la réserve naturelles du timide, ce pourrait être une grande chance dans la relation amoureuse." (p.75)
On notera que le caractère "naturel" nie l'origine acquise de l'inhibition sexuelle et que bien sur ces caractéristiques sont hautement prisées par les tenant de la morale anti-sexuelle.

Par ailleurs dans ce chapitre parmi différents exemples d'activités citées on trouve faire partie d'un "groupe de scouts" (p.70) et "une action caritative" (p.75).
Indices qui nous confirment dans l'idée que l'auteur, sans le dire, est proche du milieu chrétien.

15. Que faire lorsque l'amour n'est pas réciproque ?

"il nous faut répéter une fois encore que, même si l'on est très amoureux, on ne gagne rien à brûler les étapes." (p.80)
Cela devient lassant...

16. La différence d'âge est-elle un obstacle ?

"Plus la jeune fille est jeune, plus les relations avec un homme nettement plus âgé sont dangereuses. En effet, que recherche un homme de 30 ou 40 ans avec une jeune fille de 15 ans ?" (p.82)
"Quand à l'amour d'un très jeune homme pour une femme déjà mûre, ou en tout cas nettement plus âgée que lui [...] ce comportement est souvent voué à l'échec." (p.83)
Ceci ressemble à un interdit sexuel. Un jeune ne pourrait donc plus bénéficier d'une initiation sexuelle, dont la littérature regorge par ailleurs...

"ces premières amours, avec des différences d'âge dans tous les sens, ne résistent pas souvent à l'épreuve du temps." (p.83)
Cela est sans doute vrai. Et alors ? Toujours l'obsession de la durée.

17. N'y a-t-il qu'une personne faite pour moi ?

R.A.S.

18. La jalousie est-elle une preuve d'amour ?

R.A.S.

19. Faut-il pardonner à l'autre ses infidélités ?

"Il y a d'abord la tentation facile : un(e) autre passe, séduisant(e), pourquoi dire non ?"
La tentation : notion chrétienne s'il en est (bis).

20. Faut-il avoir honte de se masturber ?

"Il est vrai que l'adolescent traversé par une énergie impérieuse éprouve quelques difficultés à surmonter ses pulsions, surtout dans l'environnement érotique actuel." (p.98)
On devine ici que l'auteur prise fort le fait de surmonter ses pulsions, et regrette le bon vieux temps où il était malaisé pour les jeunes de s'informer sur la sexualité.

"Il est préférable [...] d'aider l'adolescent à s'ouvrir aux autres dans des activités sportives, humanitaires, artistiques" (p.99)
Un grand classique : le sport comme exutoire à l'énergie sexuelle. En fait la sublimation ne peut être fertile que lorsque la satisfaction sexuelle est préalablement atteinte.
(remarquons le choix de l'humanitaire plutôt que des activités militantes)

"La masturbation n'est nullement, comme on l'a parfois dit, un bon entraînement à la pratique de la sexualité" (p.99)
Lire les bienfaits de la masturbation. Au minimum, connaître le fonctionnement orgasmique de ses propres organes sexuels - et celui de ses partenaires - est indispensable.

"Mais si la masturbation n'a été - comme c'est très souvent le cas - qu'un épisode de la vie, elle ne représente aucun danger pour la future communication amoureuse." (p.99)
Cette affirmation est fausse. La masturbation est générale à tous les âges de la vie, que l'on vive seul ou en couple.

21. Jusqu'où faut-il aller quand on "sort" ?

"certains gestes pour lesquels elle n'éprouverait souvent que dégoût ou répulsion [...] Mettre les doigts dans le vagin, demander une fellation" (p.102)
On peut ne pas avoir envie de telle ou telle pratique à un moment donné, mais pourquoi tout de suite invoquer le "dégoût" en se référant à des pratiques autres que la pénétration vaginale ?

22. Pourquoi devient-on homosexuel(le) ?

"dans le sillage de la révolution sexuelle, on a assisté [...] à la naissance d'une culture et d'un mode de vie homosexuels, revendiqués et promus par de puissants lobbies, bien relayés par les médias, présentant l'homosexualité comme une excellente alternative à l'hétérosexualité. Des jeunes [...] font volontairement un "petit tour " vers l'homosexualité. Ces expériences du domaine du jeu, de la curiosité malsaine ou de la perversion, sont faites par des personnes qui ne sont pas nécessairement homosexuelles de façon "structurelle"" (p.108-109)
Tentation satanique...

Quand à celui qui a "une tendance homosexuelle involontaire" : "Le jeune (homme surtout) s'installe alors dans une double vie, sa vie dans le milieu homosexuel (boîtes de nuit, bars homos, drague, rencontres multiples...) et sa vie dans son milieu familial et son lieu de travail." (p.109)
Horreur, horreur, horreur...

Parmi les facteurs explicatifs de l'homosexualité : "- dans un monde qui gomme les différences, difficulté à aller vers l'autre, l'autre sexe en particulier ; - peur d'assumer le risque de procréation." (p.110)
Les réactionnaires aiment l'Ordre, que les différences soient bien claires, les frontières bien tracées.

"Si un jeune est rejeté par sa famille, il ne lui restera pour l'accueillir que le ghetto homosexuel." (p.110)
On frissonne...

"Si le jeune réalise l'impasse de l'homosexualité [...] il peut avoir le désir de changer de voie." (p.110-111)
Ouf ! On va pouvoir le sauver.

23. Comment éviter les maladies sexuellement transmissibles ?

"Pour éviter d'être contaminé, il est capital :
- de réduire la multipartenarité [...] ;
- d'être fidèle [...] ;
- de se servir d'un préservatif [...]."
(p.114)
On notera l'ordre de présentation et le fait que le préservatif n'atténue pas le caractère "capital" des deux premiers items.

"Le Sida [...] met en question nos comportements, imbus que nous sommes de notre pseudo-liberté qui n'a de loi que notre bon plaisir [...] A cause de tout cela, le Sida [est] une maladie métaphore des maux dont souffre notre monde actuel. - On croit trouver son identité dans l'exercice sans contrainte d'une génitalité pulsionnelle [...] - On vit dans la confusion [...] on ne sait plus très bien ce qui distingue l'homme de la femme, l'enfant de l'adulte, l'homosexuel de l'hétérosexuel, l'étranger du citoyen." (p.117-118)
Nous vivions dans la luxure, nous avions abandonné l'Ordre...

Conclusion du chapitre : "Voilà que le Sida [...] est en train de nous apprendre à vivre et à aimer !" (p.118)
Sans commentaire. (Lire : le Sida fer de lance de l'ordre moral)

24. Faut-il accepter toutes les pratiques sexuelles ?

"Jusqu'à 12 ou 13 ans, il s'agit surtout de savoir ce qui se cache derrière ces mots et de conforter son vocabulaire. L'éducateur se doit alors de les expliquer avec clarté mais succinctement en évitant d'imposer des images difficiles à supporter." (p.120)
Oh mon Dieu si un enfant voyait ça !
Au Canada les éducateurs (qui dépistent les actes pédophiles) montrent tous les actes sexuels aux enfants de maternelle, avec des poupées.

"il vaut mieux, en tout cas, ne pas commencer par cela : l'exercice de la liberté de l'autre présente alors trop de cotés ambigus pour n'être pas dangereux." (p.121)
Si on comprends bien seule la pratique canonique serait inoffensive.

25. Comment se défendre contre les agressions sexuelles ?

Parmi les questions d'ados qui sont placées en exergue de se chapitre, deux paraissent déplacées :
"14ans - Quand on est amoureux de son prof et que lui aussi, mais que lui ne pense qu'au sexe mais que vous avez peur, que faut-il faire ?"
"16ans - Je ne comprends pas comment une fille de 16 ans peut sortir avec un mec de quarante ans ?"
(p.123)
Il n'est pas question ici d'agression. Mais on se souvient (chapitre 16) que l'auteur désapprouve vivement les différences d'age dans les relations sexuelles. Cet amalgame, qui est fait ici par nos puritains, entre relation sexuelle avec un mineur et agression sexuelle, se retrouve dans la législation qui punit toute forme de commerce sexuel entre un adulte et un mineur. Voir notre page concernant le traitement médiatique de la pédophilie.

"Ces conduites [abus sexuels] sont souvent entretenues par la pornographie" (p.124)
Cela est certes vrai (voir notre page sur la pornographie). Mais l'auteur fait-elle semblant d'ignorer que les perversions sexuelles (tout comme la pornographie d'ailleurs) résultent en premier lieu de la répression de la sexualité ?

26. Quelle contraception choisir ?

"En définitive, pour les adolescents, on doit rappeler que l'abstinence est fiable à 100% !" (p.131)
On s'y attendait..


27. Y a-t-il des périodes où les relations sexuelles n'entraînent pas la grossesse ?

R.A.S.

28. Que faire face à une grossesse non désirée ?

"[en situation d'information] La meilleure arme de l'éducateur n'est pas la peur mais l'émerveillement qui porte spontanément au respect. Les premiers jours de la vie, racontés, illustrés sont les plus surs avocats de l'embryon. [...] toute relation sexuelle est virtuellement porteuse de vie et il est grave de la galvauder" (p.140)
Voici qui pourrait rappeler certains arguments anti-IVG même si telle n'est pas la position de l'auteur.

"[en situation de grossesse non désirée] - dernière solution : envisager l'I.V.G. Savoir alors que ce n'est jamais "la bonne" solution." (p.142)

29. Comment choisir entre mariage et concubinage ?

"l'union libre ne présente apparemment pas de contrainte, sinon celles d'une vie commune qui peut se défaire, même contre le gré de l'un des partenaires..." (p.145)
(sic)

"Au cours du mariage catholique, les mariés prennent la parole pour une "déclaration d'intention" dont voici un exemple qui donne sens à toute vie conjugale" (p.145)
Édifiant exemple à présenter aux adolescents.

30. Peut-on s'aimer toute une vie ?

Parmi les questions d'ados qui sont placées en exergue de se chapitre, une parait déplacée :
"14ans - Comment fait-on l'amour pour que ça dure longtemps" (p.147)
A notre avis l'auteur fait un contresens révélateur : la question concerne l'acte sexuel !

"Cependant, si nous croyons fermement à l'amour éternel, notre optimisme n'est pas sans fondement. On parle toujours des statistiques de divorces, comme on parle des agressions dans les transports en commun, des trains qui déraillent, des petites filles abusées [...]" (p.149)
L'"Amour éternel = mythe du Prince Charmant". Le chapitre ruisselle de bon sentiments : c'est un plaidoyer pour la mariage monogame à vie.
et voici le divorce associé à des crimes !

Conclusion : qu'en pensent les adolescents ?

Parmi les désaccords exprimés :
"Quinze ne sont pas d'accord sur les sorties et les relations précoces : sur ce sujet, les désaccords sont nets quand ils existent. C'est en effet le point le plus difficile à faire accepter [...] -en quatrième : [citation d'un commentaire d'élève] "Oui sauf quand vous critiquez les gens qui couchent à 14 ans car tout le monde est libre de faire ce qu'il veut."" (p.152)
"Quatre garçons d'une même classe de seconde ne sont pas d'accord sur la mentalité des filles en matière de désir sexuel : "Les filles ont autant envie de faire l'amour que les garçons - Beaucoup de filles meurent d'envie d'avoir des relations sexuelles - Ce sont les filles qui sont les sources de nos désirs : elles savent y faire, mais n'osent pas le dire."" (p.153)
"Deux élèves de première ne sont pas d'accord pour avoir un enfant dans les années qui suivent le mariage ou la mise en couple : "Si on ne peut offrir à l'enfant tout ce dont il a besoin, ce n'est pas la peine d'en avoir." (p.153)

Nous voyons ici clairement quels sont les positions tenues par les intervenants de l'association face aux élèves et quel est leur objectif.
Nous nous réjouissons que certains élèves résistent. Ils sont malheureusement peu nombreux (5% d'après l'auteur) : il n'est pas facile d'affirmer son opinion contre les éducateurs (éducastreurs ?)

Parmi les accords exprimés :
"[citation d'un élève :] "Je suis bien d'accord mais je ne peux pas jurer que demain j'irai dans les oeuvres humanitaires au lieu de m'amuser" (p.154)
Humanitaire = charité chrétienne...(bis)

"Ces réflexions très positives ne signifient pas que les élèves rencontrés vont changer leur "morale sexuelle" du tout au tout" (p.155)
Aveu du but poursuivi.

En résumé le résultat de notre analyse (retour en haut de la page)


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