"L'absence d'éducation sexuelle
est une forme sournoise et forte d'éducation à l'absence de
sexualité"
Roger Dadoun, dans Cent fleurs pour W.Reich § éducation
sexuelle.
Image du film Une affaire de coeur / La Tragédie d'une employée
des P.T.T. de Dusan Makavejev, 1967
Le présent document est un plan détaillé, à développer et
à adapter par le
formateur en fonction du temps disponible et de l'age des participants.
Ce cours est naturellement perfectible et se devra d'être complété. On
doit considérer qu'il s'agit d'un atelier plutôt qu'un cours au sens
traditionnel du terme. La participation active des jeunes est essentielle. Il
devrait être complété par de l'éveil à la sensualité.
Se démarquant des approches mécanistes ou mystiques de la sexualité, notre proposition tend à se rapprocher d'une éducation à l'autorégulation. Voir à ce sujet l'article de Roger Dadoun dans Cent fleurs pour Wilhelm Reich. Voir également la définition de l'économie sexuelle selon Wilhelm Reich.
Ces sujets sont en général traités dans le cadre scolaire (quoique
très succinctement, voir nos F.A.Q.).
Nous vous renvoyons à d'autres sources de documentation en ligne : voir les
références au bas de cette page.
Le cadre est très important pour libérer la parole et les émotions. Il est indispensable - pour les interventions en milieu scolaire - que les jeunes se sentent dans un cadre différent de celui de la "classe".
Afin que la parole des jeunes soit libre, aucun adulte, encore moins ceux qui ont une relation avec eux (enseignants, parents...), ne doit assister au cours en même temps qu'eux*.
En introduction, il est souhaitable de faire prendre conscience
aux jeunes de la façon dont leur corps est emprisonné toute
la journée
dans le carcan constitué de la chaise et de la table de la classe.
Libérer l'espace de tout meuble (ou, si possible, réaliser l'atelier en extérieur,
sur une pelouse...)
On peut procéder à un exercice de prise de conscience du corps et des
autres tel que marcher ensemble (sans chaussures) sans se cogner, en croisant
le regard des autres.
Si possible s'asseoir par terre en cercle (montrer différentes
façons confortables de s'asseoir). Cela permet d'éviter les attitudes
stéréotypées et favorise l'ouverture, le contact avec ses
propres émotions.
Ne pas prendre de notes pendant le cours (polycopié distribué à la fin).
Toute personne souhaitant prendre la parole doit pouvoir le faire (les
garçons ont plus tendance à s'exprimer spontanément
que les filles) et ne pas être interrompue. Pour assurer cela on
peut avoir recours aux tours
de paroles (la parole - matérialisée par un objet que
l'on se passe (le "bâton de parole") est offerte à
chacun, à tour de rôle, et celui qui parle ne peut être
interrompu).
* D'autres approches sont envisageables quand il n'est pas possible d'organiser un tel atelier : notamment proposer un exposé d'information sexuelle pour les parents, en leur indiquant qu'ils peuvent venir accompagnés de leurs enfants. Dans ce cas toutefois les enfants ne prendront guère la parole.
Réponses aux questionsLes questions préalables peuvent avoir été posées par écrit (de façon anonyme) avant le cours. Bases : les fonctions de la sexualité humaineLa sexualité existe de la naissance à la mort (sous différentes
formes). Les stades du développement (oral, anal, génital). Au départ
nous sommes tous bisexuels. La sexualité permet bien sûr la reproduction,
mais cette fonction ne concerne qu'une proportion infime des rapports
sexuels au cours d'une vie humaine. C'est la fonction vitale par excellence. Elle
est présente dans tous les aspects de notre vie : nous sommes
des êtres sexués. Parmi les activités sexuelles, la masturbation (seul ou à plusieurs), a trop longtemps été culpabilisée. Elle est pourtant une activité naturelle et bénéfique. Lire le texte de Gérard Verroust 45 Kio, 7 pages. |
L'origine du monde, de Gustave Courbet |
Les trois chapitres qui suivent (2, 3 et 4) s'adressent plutôt aux adolescents (et aux adultes). Les exercices relationnels (chapitres 4.1 et 5) peuvent être proposés aux enfants.
le monde, les autres (communiquer) | |
les émotions | les sensations |
la conscience | le corps |
l'inconscient |
Tout est lié (psychosomatique). L'inconscient
sous-tend le tout.
Émotions et sensations proviennent de l'interaction avec l'extérieur ou de
l'intérieur (pensées, corps). Elles se gravent dans l'inconscient. Les
émotions peuvent faire réagir directement le corps et les sensations sont
aussi perçues par la conscience à travers le corps. L'inconscient façonne
la conscience (idées, comportements, émotions) et le corps (physiologie,
forme, souplesse, santé).
Cerveau gauche | Cerveau droit |
analyse les problèmes | trouve les solutions |
raisonnement, planification, logique, calcul... | intuition (le "6ème sens"), créativité, improvisation, sensibilité |
ex : les maths, la physique, l'histoire | ex : dessin, musique |
valorisé* par l'école valorisé* par la société occidentale |
très peu développé à l'école (voir les F.A.Q.) |
Ce "modèle" n'est pas à prendre au pied de la lettre.
* En réalité cette valorisation n'est qu'apparente. Toute société oppressive est profondément anti-intellectuelle, et est mue par des forces irrationnelles et obscurantistes. L'anti-intellectualisme se transmet notamment par les media et via leur relai qu'est la cour de récréation.
La sensualité (les 5 sens). Permet la communication non
verbale.
Emmagasine raideurs et blocages (la cuirasse caractérielle) au fur et à mesure
de la répression de la spontanéité.
Le corps est peu valorisé et peu développé à l'école. Attention lorsque dans
le cours de gymnastique le corps est sollicité dans la contrainte : le forcer
est
contre-productif (cas également de certaines approches de la danse classique.)
Il
convient
au
contraire de respecter son corps.
Ce qu'il y a de plus profond en nous. Contient tout ce que nous
avons refoulé (les traumatismes, les interdits, la sexualité réprimée).
Contient ce qui nous a été transmis à notre insu (l'inconscient collectif).
Cela est inscrit dans le corps.
Nous n'y avons pas accès directement. Il s'exprime de manière codée dans les
rêves, par les lapsus, les "actes manqués".
L'inconscient est ce qui détermine nos comportements, notamment les
comportements "irrationnels".
Exemples de manifestation de l'inconscient en liaison avec la répression de la sexualité : voir plu bas § 3.1. (le fantasme de viol, l'attrait de l'équitation, la phobie des souris et le vertige.)
Cacher ses émotions est la pire des choses. Cela fausse toute
communication et crée du refoulement.
Une communication franche et permanente est une des clés d'une relation
réussie.
Être à l'écoute des autres plutôt que chercher à imposer ses idées ou
vouloir diriger.
Les Andrians, de Titien (cliquer pour agrandir)
La répression de la sexualité est généralisée dans notre
société, bien qu'elle soit moins directe que celle subie par nos grands-parents.
Elle est importante dans les milieux où la religion est présente (catéchisme,
filles voilées...), elle est brutale à l'école. Mais elle prend aussi des
formes plus subtiles (illusion d'être "sexuellement libérés", pornographie
dominante qui formate les fantasmes et même l'apparence physique).
Les conséquences sur les individus sont : la pudeur, la soumission, le sentiment
de culpabilité, les difficultés relationnelles, les troubles mentaux (névroses
(phobies, hystérie) et psychoses), la violence, le mysticisme...
"La suppression de l'activité sexuelle des enfants et des adolescents est le mécanisme de base qui produit les structures caractérielles adaptées à l'asservissement politique, idéologique, économique [...] La répression de la sexualité naturelle chez l'enfant, particulièrement de la génitalité, rend l'enfant appréhensif, timide, obéissant, craintif devant l'autorité, ''gentil'', ''tranquille'' ; elle paralyse ses tendances rebelles, parce que la rébellion est associée avec l'angoisse ; elle provoque, en inhibant la curiosité sexuelle de l'enfant, un obscurcissement général de son sens critique et de ses facultés mentales." Wilhelm Reich.
L'attitude de la société en matière de répression sexuelle
se juge par rapport à des éléments comme :
la contraception, l'avortement, l'homosexualité, la séparation nette entre
hommes et femmes, la nudité,
la sexualité
infantile, la masturbation.
Il existe d'autres formes de société qui pratiquent peu la répression de la
sexualité. On en rencontre chez les peuples indigènes, par exemple celle des
Îles Trobriand
(Océanie).
Voici ce que l'on peut voir dans un documentaire récent sur la population Jawara des Îles Andaman (Océan indien). Cette population a encore peu de contact avec les occidentaux ou les colons indiens. Dès qu'il prend pied sur la plage le réalisateur est entouré par une bande d'enfants nus et curieux. Ils s'approchent de lui et leur premier geste est de regarder ce qu'il a à l'intérieur de son short ! Ils ne peuvent concevoir que l'on puisse vouloir cacher son sexe...
Réf : Jawara, la rencontre interdite, film de Patrick Bernard, 2003.
A l'échelle sociale la répression de la sexualité permet l'exploitation de l'homme par l'homme (base de notre système de production) et est à l'origine des comportements fascistes. Voir "répression sexuelle, exploitation et fascisme".
En quoi consiste pratiquement la répression de la sexualité ? Ce terme recouvre toute forme de dévalorisation de la sexualité,
qu'elle soit brutale (par exemple la menace adressée au petit enfant surpris
en train de se masturber : « si tu recommence je vais te la couper !»,
ou l'injonction adressée à la petite fille : « fermes tes jambes !») ou
plus subtile, se voilant derrière les termes de "modestie" ou
de "pudeur". Cette répression peut aussi prendre la forme d'une dévalorisation plus générale du corps, considéré comme "sale", "impur", "grossier", "honteux", par opposition avec un esprit, une "âme" jugés plus élevés. La sexualité se voit alors rabaissée à "la satisfaction d'instincts ou de besoins matériels grossiers". C'est l'une des causes essentielle des névroses et de la peste émotionnelle, en particulier lorsqu'elle frappe les jeunes enfants.
Exemples de manifestation de l'inconscient dénotant une répression de la sexualité :
La répression passe aussi par les
contes de fées racontés aux enfants. Exemples d'interprétation de contes :
Voir aussi les concepts de la répression sexuelle à travers le vocabulaire. |
Dans notre société le corps est montré et utilisé dans le
but de faire vendre des produits et d'uniformiser les individus (imposer une
image du corps idéal).
Ce conditionnement passe par les magazines féminins ("santé-beauté-forme"),
les top-modèles, la publicité.
Il a pour but la transformation du corps par le biais de produits et services.
Cette transformation va dans le sens d'une aseptisation.
Exemples : l'épilation (attention : l'effet sur la pilosité est peu réversible !), la suppression
des odeurs, les interventions chirurgicales, les régimes minceur.
Le corps n'est-il pas hyper valorisé par notre société ?
|
Le sexe est biologique (mâle et femelle). Le genre renvoi aux rôles
sociaux
(homme et femme).
Un genre peut être dévalorisé par rapport à l'autre (c'est le sexisme
(machisme)).
Un genre peut en dominer un autre : nous vivons sous le régime du patriarcat.
Exemples : inégalité d'accès aux postes de responsabilité, inégalité des salaires, inégalité face aux tâches ménagères... mais aussi obligation pour la femme d'être "séduisante" en toutes circonstances, de modifier son corps pour le rendre socialement acceptable (ex: l'épilation, qui participe de la domestication de la sexualité féminine), de ne pas mettre en avant son désir sexuel.
La distinction de genre est centrale dans les sociétés sexistes : l'ambiguïté
(androgyne, queer) et les transgressions de cette distinction (trans-genres)
sont mal tolérées.
Il en va de même pour les orientations sexuelles (homosexualité, bisexualité)
qui ne correspondent pas à la norme sociale (l'hétérosexualité).
Il faut donc rester vigilant pour ne pas se laisser influencer par les normes imposées. Toute personne a le droit de vivre son identité et sa sexualité comme elle l'entend (tant ce que cela ne nuit pas à autrui).
Voir aussi les concepts du patriarcat à travers le vocabulaire.
La "majorité sexuelle" correspond à l'âge à partir duquel
un jeune peut avoir des relations sexuelles avec un adulte (un majeur) sans
que celui-ci
ne soit mis en prison.
En France la "majorité sexuelle" était de 21 ans. Elle est passée
à 18 ans en 1974 et à 15 ans en 1982 (sauf si l'adulte est une personne
ayant autorité sur l'enfant auquel cas elle reste à 18 ans.) Cf.
articles 227-25, -26 et -27 du code pénal.
En France la contraception n'a été autorisée qu'avec la loi Neuwirth du 28
décembre 1967. Toutefois elle n'a été appliquée qu'à partir de 1972, voire
1974 pour la contraception orale (la pilule). L'avortement n'a quand a lui été
autorisé qu'avec la loi Veil du 29 novembre 1974.
Ces avancées ont permis aux femmes d'acquérir l'indépendance sexuelle : de pouvoir
gérer leur sexualité sans l'angoisse de la grossesse non désirée. Cette "libération"
de la sexualité féminine a suscité de très violentes résistances de la part
d'une société où le contrôle sur les femmes était central.
Ces avancées ont été conquises de haute lutte par les mouvements féministes
(MLF notamment, en France). Elles sont constamment menacées par les groupes
religieux intégristes : il est toujours indispensable aujourd'hui de militer
activement pour les droits sexuels.
Le degré de liberté sexuelle est variable selon les sociétés,
selon les époques et selon le genre (femme ou homme), l'age (enfant,
adolescent, adulte), le statut social (dominant, dominé) ou le statut
marital (marié, non marié, veuf...) des individus concernés. Dans les sociétés humaines on peut trouver tous les degrés possibles, entre une liberté totale et une répression féroce. |
Vulves et phallus paléolithiques |
De manière générale, dans les sociétés patriarcales (la grande majorité des sociétés à l'heure actuelle) la sexualité des femmes est plus réprimée que celle des hommes. De manière générale, en ce qui concerne les religions monothéistes (judaïsme, christianisme et islam), plus la religion a de place dans la société, plus la sexualité est réprimée. On a pu également observer que les sociétés belliqueuses sont souvent celles qui répriment le plus la sexualité. Enfin les pouvoirs politiques autoritaires cherchent notamment à conforter leur emprise sur les populations par le biais de la répression ou du contrôle de la sexualité.
Ainsi dans ces contextes sociaux, les mouvements en faveur de la libération de la sexualité vont de pair avec les mouvements de libération des femmes, un rejet des interdits religieux et des pouvoirs autocratiques. L'histoire est jalonnée de ces luttes entre désir de libération (aspirations vitales) et répression puritaine, patriarcale et autoritaire ("ordre moral" hypocrite et morbide). |
"L'extension des privilèges des femmes est le principe général de tous progrès sociaux."
"Le bonheur en amour, se proportionne à la liberté dont jouissent les femmes." Charles Fourier.
Dans l'histoire récente de l'Occident, la répression sexuelle
fut particulièrement marquée au XIXème siècle
(époque "victorienne", correspondant à l'avènement
de la bourgeoisie et à l'apogée du colonialisme européen).
De là un véritable révisionnisme en matière d'histoire
de l'art qui a passé sous silence les productions érotiques jusqu'à
la fin du XXème siècle : voir notre page
censure de la culture.
Les premiers mouvements féministes se manifestent en 1830. Au début
du XXème siècle, la mise en évidence par Freud
(le fondateur de la psychanalyse) de la sexualité infantile fut une
première avancée (Freud était considéré par
beaucoup à son époque comme un "pornographe"). Toutefois
la première libération de la sexualité n'eu lieu, de
façon
éphémère, que dans les années 1920, suite aux mouvements
féministes issus de la première guerre mondiale. La répression
repris le dessus dans les années 30 et 40 avec la montée des
fascismes, réaction des classes dominantes aux mouvements d'émancipation
populaires.
Un nouveau mouvement de libération sexuelle eu lieu à la fin des années 60 (mai 68 en France), également accompagné par un puissant "mouvement de libération des femmes" (MLF) qui réussit à obtenir la diffusion des contraceptifs modernes (pilule notamment) puis la légalisation de l'avortement et enfin la criminalisation du viol, au terme d'années de luttes. La mise au point et la diffusion de moyens contraceptifs sûrs fut une grande avancée pour la libre sexualité des femmes, en les libérant de la peur de la grossesse non désirée.
Les féministes brûlaient leur soutien-gorge, symbole du carcan enfermant le corps de la femme (comme le corset au XIXème). Les films montrant explicitement la sexualité furent autorisés à la diffusion (en France en 1974) et eurent un succès foudroyant avant d'être rapidement écrasés par la loi "X" adoptée sous la pression des tenants de l'"ordre moral" puritain.
Cette extrait d'une bande dessinée très représentative des utopies de l'époque témoigne du changement des mentalités (la scène se déroule en l'An 01 après le changement radical de la société) :
Le Musée des moeurs, décembre 1971. Extrait de : Gébé,
L'an 01, 1969-1974, L'association, Paris, 2000.
Dans de nombreux pays, les mouvements de la jeunesse furent avant tout marqués par la revendication d'une plus grande liberté sexuelle et menèrent à expérimenter d'autres formes de sexualité (et plus largement : de relations entre les gens et d'organisation collective), notamment dans les communautés où la notion de couple était abandonnée. Lire par exemple l'épisode de "Marcel l'ouvrier".
Sainte ou putain ?
"Il n'était pas rare dans ces années de trouver dans une communauté une fille qui avait fait voeux de ne jamais dire non. Donner de l'amour à tous ceux (et toutes celles) qui en avait envie ou besoin pouvait alors être vécu comme un sacerdoce : faire du bien à son prochain. Ceux qui échangeait de l'amour avec elle s'en trouvaient grandis, libérés.
Aujourd'hui une telle chose est impensable tellement le degré de violence a augmenté. Une fille qui s'offrirait à tous serait considérée comme la dernière des putains, et ceux qui la "baiseraient" n'en tireraient rien d'autre que la satisfaction imbécile d'avoir "tiré leur coup" sans payer." Anonyme.
La libération des moeurs - qui ne fut d'ailleurs jamais généralisée
dans la société - parvint à peine à ébranler
"le vieux monde" : pas facile de se libérer en quelques mois
des blocages d'une éducation et de l'héritage de plusieurs siècles
de répression !
Lire aussi notre page sur l'esprit de 68 et
voir le film de
Louis Malle Milou en mai.
Tandis que l'espoir de renouveau politique s'estompait, les valeurs traditionnelles en matière de moeurs (couple, famille, monogamie, négation de la sexualité infantile...) revinrent progressivement, accélérées par la survenue de l'épidémie de Sida qui réintroduit la peur dans les rapports sexuels. Dans le même temps le capitalisme a récupéré les signes de la pseudo "libération sexuelle" en en faisant commerce (exemple : la pornographie dominante). Tandis que l'école ne l'admis jamais.
Et les avancées féministes furent battuent en brèche
par la marchandisation du corps de la femme. Conduite à se maquiller
quotidiennement, à s'arracher les poils du corps, à souffrir
dans des escarpins, la femme d'aujourd'hui est à nouveau tenue
d'être un objet sexuel - ou à l'inverse d'être asexuée
(port du voile) -, tout en essuyant insultes et agression si elle tente
de vivre librement sa sexualité (être un sujet sexuel). Le
vieux clivage "Maman ou putain" reste bien vivant.
On voit même resurgir la valorisation de la virginité et de l'abstinence,
tandis que les seins nus disparaissent des plages.
Même si la misère sexuelle reste très répandue,
la répression contemporaine, plus subtile qu'auparavant, repose sur l'illusion
de la liberté. Il est même de bon ton de s'affirmer "libéré(e)".
Pour autant enchainer les partenaires sexuels - ou "baiser comme dans les
films pornos" - n'est pas une preuve de liberté sexuelle. Celle-ci
suppose préalablement l'abandon de toutes les valeurs puritaines et patriarcales
- à la fois d'un point de vue idéologique mais aussi au plus profond
de soi -, et la réappropriation de son corps.
Comment imaginer un instant que les adultes soient libérés alors
que la sexualité des enfants est réprimée ? La sexualité,
ça se développe !
Enfin les quelques avancées auxquelles il a été fait allusion sont loin d'être
conquises dans bien des pays au monde où se perpétuent encore parfois les "crimes
d'honneur" et les mutilations sexuelles (excision).
Lire aussi la révolution sexuelle n'a-t-elle pas déjà eu lieu ?
La liberté reste à conquérir, et encore faut-il alors pouvoir s'en servir. Alors seulement l'épanouissement sexuel de tous devient possible. Cela suppose une transformation radicale de la société.
Lâcher-prise Dire le non-dit |
Le désir réciproque En cas de difficulté : s'exprimer à
la première personne Découvrir son propre corps et celui du
partenaire Habiter son propre corps |
Fritz: "Tout
ce que je veux c'est... c'est..." |
Appréhender les autres globalement
A l'opposé de voir chaque petit défaut et se focaliser dessus :
ainsi on trouve toujours un prétexte pour ne pas engager une relation. Chaque
personne est un tout. Éviter d'être dans le jugement.
S'aimer soi-même (et se respecter)
C'est une condition préalable pour pouvoir aimer quelqu'un d'autre.
Nous sommes tous beaux, intelligents, sensibles, vivants...
Exercice : "je suis beau", "tu es beau"... à
pratiquer deux par deux ou tous pour un (tunnel de paroles, tunnel de caresses).
"La vie est ce que vous pensez qu'elle est. Elle peut être douce ou amère selon ce que vous êtes." in Quatre cheminée, film de Heinosuké Gosho.
La balançoire, Grèce antique |
Hygiène corporelle
et précautions sanitaires Disposer d'un lieu intime pour se
retrouver Effets des drogues sur l'activité
sexuelle |
La défloration
L'hymen est conformé de façon très variable selon les individus.
Pour certaines la défloration sera insensible et n'entraînera même pas
d'hémorragie, pour d'autres cela pourra poser quelques difficultés (une
défloration manuelle est toujours possible).
Les attentes irréalistes
La plupart des jeunes filles vivent une forte déception lors de leur
premier rapport sexuel. En effet les rêves irréalistes de "prince
charmant" (formatage de l'imaginaire) leur font attendre une révélation,
une transformation "magique". Dans les faits il est rare qu'une jeune
fille expérimente l'orgasme lors de son premier rapport. Ceci peut-être lié
à l'appréhension et à l'inexpérience du partenaire (avant 15 ans - ou 18
selon les cas - avoir une relation avec un adulte est interdit par la loi...).
Le premier rapport sexuel a peu de chance d'être totalement satisfaisant, que
ce soit pour un garçon ou pour une fille. Le plaisir cela se prépare et cela
s'apprend.
Préparation et apprentissage
La préparation cela consiste tout d'abord à avoir une représentation
mentale de son sexe. Ceci pose problème à nombre de jeunes filles en raison
justement de la déficience de l'éducation sexuelle dans notre société.
L'absence d'une représentation du clitoris et du vagin peut induire une
absence de sensation.
Le vagin est une zone qui n'a pu être stimulée (sauf par certaines pratiques
masturbatoires) avant le premier rapport, il y aura donc un apprentissage
de la sensation, qui se fera au fil des rapports sexuels. Le rapport sexuel
en lui-même fait l'objet d'un apprentissage (initiation), la variété et
l'expérience des partenaires y contribue.
La masturbation
peut également être utilisée pour faire découvrir
à l'autre son corps et la façon de se donner du plaisir.
Le mythe du Prince CharmantIl n'est pas rare d'entendre une jeune adolescente dire
que, si elle est prête à flirter avec les garçons,
elle n'envisage toutefois sa première relation sexuelle que lorsqu'elle
sera vraiment amoureuse. Si une jeune fille contemporaine est trop influencée
par cette idée (ce qui dénote en fait une peur de la sexualité),
elle risque d'attendre et de refuser les occasions favorables qui s'offrent
à elle pour expérimenter la sexualité. Puis lorsqu'elle
aura dépassé vingt ans et qu'elle s'apercevra que toutes
ses copines ont déjà une vie sexuelle, elle risque alors
de "baliser" et elle se donnera au premier venu. Première
expérience qui risque alors d'être mal vécue voire
traumatisante. A noter : le mythe est entretenu par les poupées Barbie® : il suffit pour s'en rendre compte de faire un tour au rayon jouet d'un grand magasin. Rappelons au passage que ces poupées sont fabriquées dans les pays du Tiers-monde, souvent par des jeunes filles, dans des conditions de travail qui n'ont rien d'éthique. |
Outre les exercices déjà proposés au cours de l'exposé, on peut par exemple :
Pour les adultes, l'éducation à la sensualité et à l'art de la relation sexuelle peut passer par la pratique du Tantra (forme de Yoga centrée sur l'énergie sexuelle.)
Lectures érotiques (ou érotico-philosophiques) classiques : Le cantique des cantiques Poèsie contemporaine : Carlos Drummond de Andrade, O amor natural |
Nymphes, de Bouguereau |
Avertissement concernant les films pornographiques : outre
la nullité
absolue de la très grande majorité de ces films, il faut garder à l'esprit
qu'ils présentent une vision totalement irréaliste de la sexualité : penser
apprendre quoi que ce soit sur la sexualité en les regardant est une
grave illusion. De manière plus générale, les images pornographiques, si elles peuvent stimuler, ne peuvent pas rendre compte de l'acte sexuel. En effet il est essentiellement constitué de sensations, d'émotions, de sentiments et de communication avec l'autre. Lire aussi : l'art érotique, un danger pour l'ordre social de la domination. |
La pornographie dominante a complètement envahi le Web. Nous avons néanmoins identifié quelques sites alternatifs qui ne manquent pas d'intérêt :
Le blog Des sens de Claire Ogie présentait
une large collection d'illustrations érotiques
d'époques et d'origines variées : complément indispensable
de toute histoire de l'art. A la demande générale, certaines
pages seront progressivement remises en ligne dans cette sous-rubrique
de son nouveau
blog : cheminfaisant.eklablog.com/des-sens-c470922 (mot
de passe : reserveapublicmajeur).
Le site Paillardes
propose un large répertoire de chansons paillardes.
Le site Poésie érotique fait
de même pour la poésie.
Le site Hippie
goddess présente des nus féminins naturels, ce qui tranche avec les
images médiatiques dominantes du corps.
Le site Fuck
for forest commercialise des films pornographiques alternatifs, tournés
dans
la nature, au profit de la sauvegarde des forêts primaires.
(les références et une présentation de ces ouvrages sont dans notre bibliographie)
Reich Wilhelm, La révolution sexuelle, 1945
Reich Wilhelm, La fonction de l'orgasme, 1945
Mauco Georges, Éducation et sexualité, 1975
Nous n'avons pas encore trouvé d'ouvrage d'éducation sexuelle pour les enfants qui nous paraisse valable. Nous en critiquons quelques uns sur notre page consacrée aux livres pour enfants.
Le
cours d'éducation sexuelle en ligne du Mouvement Français pour le Planning
Familial (MFPF) avec la possibilité de poser des questions en ligne.
Le site Multisexualités
et Sida qui propose un annuaire très fourni de liens concernant la sexualité.
Concernant la prévention visitez Sida-info-service.
Lire le texte magistral de Michel Bonin : "Les
Jeunes et le sexe" qui met en lumière les principaux tabous
qui pèsent encore sur la sexualité (ignorance du clitoris,
soit-disant "période de latence" à mettre en rapport
avec la répression sexuelle à l'école primaire, masturbation
des jeunes,...).
Voir aussi l'article "Le
clitoris, ce cher inconnu" sur le site de l'En dehors.
Lire le dossier
masturbation de Sexologie Magazine.
Vous trouverez d'autres liens concernant l'éducation sexuelle sur notre page de liens.
Pour approfondir voir aussi notre bibliographie et notre filmographie.